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Scène IV

FABIO, seul.

Depuis que je me couvre à ses yeux du manteau de l’indifférence, je m’imagine parfois qu’elle a du dépit… Elle est belle, elle est brillante, ce soir ! Elle n’est point malade, et elle refuse de jouer !… S’il était vrai qu’elle se repentit de m’avoir dédaigné ! Oh ! insensé, tu te flattes en vain ! Elle est fière, elle est sage, elle est forte, elle ne t’aime point ! Les femmes cherchent la gloire plus que le bonheur, et celle-ci, glorieuse entre toutes, met sa vanité sur le compte de sa vertu. Marielle est grand dans son art, et Fabio n’est rien. Marielle est né gentilhomme et Fabio est un bâtard ! Je ne sais point si Marielle s’en rend compte à soi-même, mais il me retire toutes les occasions de me faire valoir. Je suis comme écrasé à dessein. Aussi, je me sens déchoir et languir comme une herbe étouffée par l’ombre d’un chêne. Ah ! malheureux Fabio, qui croyais pouvoir donner tes jeunes ans à l’amour, il te les faut donner à l’ambition, amer refuge des cœurs où l’on a meurtri l’espérance ! Je partirai d’ici ! Oui, je m’éloignerai d’elle et de lui !


Scène V

FABIO, DESŒILLETS.
FABIO.

Eh bien, Desœillets, cette réponse de Rome est-elle enfin arrivée ?

DESŒILLETS.

La voici : on vous accepterait sous la condition de vouloir débuter dans le grotesque. Mais quel dommage ce serait de cacher sous le masque une figure aussi souffrable que la vôtre.