Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/362

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FLORIMOND.

Elle se sera retirée chez elle. Elle était fort malade.

MARIELLE.

Et c’est ce qui m’inquiète !…

ERGASTE.

Eh ! non. Je veux parier qu’elle est dans un coin de la salle à se réjouir des éloges qu’on te donne. Je vais regarder par la coulisse.


Scène XVIII

MARIELLE, FLORIMOND.
MARIELLE.

Je ne sais quel étrange malaise me serre le cœur. Ce cri que je me suis imaginé d’ouïr…, c’était une rêverie, mais je ne m’en puis défaire !

FLORIMOND.

Parbleu ! Marielle, vous êtes maniaque, ce soir ! vous allez faire gauchir tout le spectacle ! Oui, c’est trois fois ridicule à vous d’avoir épousé une jeune femme ! Cela vous jettera en des dérèglements d’esprit où vous perdrez votre talent. Vous commencez à être inquiet ; vous deviendrez jaloux, et puis malade, et puis fou, et puis…

MARIELLE.

Et puis mort, n’est-ce pas, Florimond ? Je compte que tu t’arrêteras à cette prophétie, et que tu ne me vas point damner pour le crime d’avoir aimé ? (On entend rire dans la salle de spectacle.) Ah ! nous faisons rire ! (Avec douleur.) Comme c’est gai, le théâtre ! comme on se divertit !