Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/52

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LE FAUX BERNARD.

M’expliquer ? Ça ne tirera pas en longueur. Asseyons-nous, patron, et ouvrez le tiroir de votre table.

ANDRÉ.

Pourquoi ?

LE FAUX BERNARD.

Allez toujours.

ANDRÉ, ouvrant le tiroir et en tirant des coquillages, qu’il pose sur la table par poignées.

Eh bien, je ne trouve là dedans que des coquilles que je voulais garder parce qu’elles sont jolies. Après ?

LE FAUX BERNARD.

Vous appelez ça des coquilles ? Est-ce que vous avez perdu les yeux ? Mettez donc vos lunettes, père chose !

ANDRÉ, fasciné rapidement en touchant les coquillages, pendant que le faux Bernard, qui a allumé sa pipe, en fait jaillir une flamme verte.

Père chose, père chose !… Ah ! tiens, je me trompais, c’est juste. C’est des sous… des sous d’argent ! Suis-je bête ! des sous d’argent ! Je crois bien que j’ai bu une goutte de trop, chez Antoine. C’est égal, je vois que c’est de l’or !…

LE FAUX BERNARD.

De l’or ! C’est-il du petit ou du gros ?

ANDRÉ.

C’est des gros doubles louis, pardi ! Sainte Vierge ! il y en a là pour plus de dix mille francs.

LE FAUX BERNARD.

Cinquante mille, mon vieux ! Comptez, ils sont là dedans par lots de mille rangés comme des sardines dans une boîte.

ANDRÉ.

Je ne dis pas ; mais… c’est-il à toi, tout ça ?

LE FAUX BERNARD.

Un peu, que c’est à moi !

ANDRÉ.

Et… c’est acquis honnêtement ?