Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/119

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— Jacques ne la connaît pas, mon oncle ! Je vous assure…

J’interrompis Miette en lui faisant signe d’observer un couple qui se glissait furtivement le long du rocher, au-dessous de nous, dans l’ombre épaisse que les noisetiers projetaient sur les plans inférieurs. J’avais reconnu la voix de Jacques. Nous restâmes immobiles, prêtant l’oreille, et nous entendîmes le dialogue suivant.

— Non, je ne veux pas rentrer encore. Je veux danser la bourrée avec vous. Il fait nuit, et d’ailleurs personne ne me connaît.

— On va allumer, et tout le monde vous remarquera.

— Pourquoi ?

— Vous le demandez ? Croyez-vous qu’il y ait ici une autre paysanne aussi blanche, aussi mince et aussi jolie que vous ?

— Vous me faites des compliments ? Je le dirai à Miette.

— Ne vous vantez pas de me connaître !

— Il n’y aurait pas de quoi, n’est-ce pas ?

— Méchante ! allons, rappelons la Charliette, et allez-vous-en.

— Méchant vous-même ! Pouvez-vous me faire ce chagrin-là ?

— Mon oncle est ici, et vous savez qu’il est l’avocat de votre belle-mère.

— Ça m’est égal, il sera le mien si je veux !