Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/148

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et désertes, et nous arrivons bientôt à la gare du chemin de fer. Il n’était que temps. Un train passait et s’arrêtait cinq minutes. Marie baisse son voile, je prends les billets, et je m’élance avec elle dans un compartiment vide.

» — Qu’est-ce que cela veut dire ? s’écrie-t-elle en se sentant emportée par la vapeur. Me voilà seule avec vous !

» — Oui, vous voilà seule avec moi pour voyager. Au dernier moment, la Charliette a manqué de courage, j’en ai eu pour deux. Avez-vous confiance en moi ? me regardez-vous comme un honnête homme ?

» — Vous êtes un héros, Jacques ! Je crois en vous. Partons ! Si la Charliette est lâche, je ne le suis pas, moi ; mais me voilà sans argent, sans paquets…

» — J’ai dans ma poche tout ce qu’il vous faut. Avec de l’argent, on trouve tout à Paris. Vous m’avez dit que vous me vouliez à vos ordres sans conditions, me voilà. Je n’aspire qu’à une récompense, votre estime ; mais je la veux entière : votre confiance sera la preuve que je l’ai obtenue.

» — Vous l’avez tout entière, Jacques. Je vous la donne devant Dieu, qui nous voit et nous entend !

» Dès lors… vous comprenez, mon oncle ? je me trouvai pris, et, dans la plus belle occa-