Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/165

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jardin, et de là dans la prairie voisine, celle dont le double sentier montait d’un côté au donjon, de l’autre descendait vers le village.

J’entendais la voix de l’enfant sortir d’un massif de saules qui ombrageait une source à la lisière du pré, juste au pied du roc qui porte le donjon. Je me dirigeai de ce côté-là en rasant les buissons, et bientôt je vis sortir du massif de la fontaine Henri portant Ninie dans ses bras. Il prenait par le plus court, c’est-à-dire qu’au lieu de venir à moi en longeant la haie, il suivait le sentier pour rentrer dans le jardin. Évidemment il reconduisait l’enfant à la maison pour la remettre à sa bonne ; mais il allait revenir. Je me tins sur mes gardes, et je vis deux femmes sortir de la saulaie, prendre le sentier du donjon et se perdre dans le feuillage des vignes qui tapissent le flanc du monticule. J’attendis encore, immobile dans mon fourré, mais je ne vis pas revenir mon fils comme je m’y attendais. En réfléchissant, je me dis que, s’il se rendait au donjon, il prenait un chemin encore plus direct : il traversait la pépinière et montait à pic par le rocher.

J’écoutai sonner l’horloge au clocher du village. Il n’était que huit heures, Henri ne reparaissait au salon qu’à neuf. Il était donc déjà rendu à la tour. C’était à moi d’y aller à travers les vignes, puisque les deux femmes avaient de