Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/175

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cette lettre que j’ai reçue par la poste la veille de la Saint-Hyacinthe.

« Monsieur, rendez un grand service à une personne qui a foi en votre honneur. Soyez demain soir à la fête de Percemont, j’y serai et je vous dirai à l’oreille le nom de Suzette. »


» Tu vois que l’orthographe est un peu fantaisiste. J’ai cru à une frivole aventure ou à une demande de secours. Je t’ai suivi à la fête, j’y ai vu Jacques faisant danser une ravissante villageoise dont il paraissait très-épris, et qui, en passant près de moi, m’a lancé adroitement à l’oreille le nom convenu : Suzette.

» Je l’ai invitée à danser avec moi, au grand déplaisir de Jacques, et nous nous sommes rapidement expliqués durant la bourrée.

» — Je suis, m’a-t-elle dit, non pas Suzette, mais Marie de Nives. Je demeure cachée à Vignolette. Émilie, mon excellente, ma meilleure amie, ne me sait pas ici, et son frère Jacques n’est pas content de m’y voir. Je ne les ai pas mis dans mon secret, ils m’eussent dit que je faisais une folie ; cependant cette folie, je veux la faire, et je la ferai, si vous ne me refusez pas votre secours et votre amitié. Je les réclame, j’en ai le droit. Vous m’avez fait beaucoup de mal sans vous en douter. Vous m’avez écrit, quand