Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/177

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» J’étais littéralement aveugle. Ce fanal qui crève les yeux ayant été brusquement supprimé, je marchais au hasard, et ma compagne semblait me conduire. Au bout d’un instant, je reconnus que nous marchions dans la direction de la prairie, et que nous n’étions pas seuls. Un homme et une femme marchaient devant nous.

» — C’est ma nourrice avec son mari, me dit mademoiselle de Nives ; ce sont des gens sûrs, ne craignez rien, j’en ai encore d’autres à mon service. J’ai la bonne de ma sœur qui a été renvoyée, et qui espionne pour moi.

» — Savez-vous, lui dis-je, qu’avec ces manières d’agir vous m’inquiétez un peu ?

» — Comment cela ?

» — Vous avez peut-être le projet d’enlever l’enfant pour tenir la mère à votre discrétion ? Je vous avertis que je m’y opposerai absolument. Elle a été confiée à mes parents, et, bien que cette confiance soit un peu étrange, nous sommes responsables et considérons le dépôt comme sacré.

» — Vous avez une bien mauvaise opinion de moi ! reprit-elle ; on vous a certainement dit beaucoup de mal sur mon compte. Je ne le mérite pas et je me résigne à attendre que l’avenir me justifie.

» Elle a une voix cristalline, d’une clarté et d’une douceur pénétrantes. Je me sentis hon-