Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/210

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time comme on le lui avait dit, s’était retournée pour observer ce baiser glacial. Les yeux clairs et froids de la comtesse s’attachèrent sur les siens, et je la vis tressaillir comme à l’aspect d’une vipère. Sans doute elle n’eût pas reconnu sa belle-fille tout de suite et sous ce déguisement, si elle n’eût pas été avertie. Elle l’était, car elle ne la confondit pas un instant avec Miette, et un sourire féroce contracta ses lèvres.

— Vous prétendez, monsieur l’avocat, me dit-elle d’une voix haute et claire, que je ne serai pas de trop dans la consultation que j’ai interrompue. Autant que je puis croire, il s’agit d’un mariage entre deux demoiselles et deux messieurs. Il y en a une que je connais ; lequel des prétendus est le sien ?

— Le voici ! répondit sans hésitation mademoiselle de Nives en montrant mon neveu. C’est M. Jacques Ormonde. Dans quinze jours, les bans seront publiés, et, bien qu’à cette époque votre consentement ne me soit plus nécessaire, j’espère, madame, que par bienséance vous daignerez approuver mon choix.

— Il le faudra bien, répondit la comtesse, puisque c’est ce monsieur qui, à ce qu’il paraît, vous a enlevée.

— Ce monsieur, répondit Jacques, à qui la joie donnait de l’aplomb, se permettra de faire observer à madame la comtesse que mademoi-