Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/216

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verrez Léonie, mais elle sera à moi, à moi seule ! Jacques ! vous y consentez ?

— Avec joie ! répondit-il sans hésiter.

Madame de Nives ne me parut pas foudroyée, comme son rôle l’eût comporté. L’idée n’était pas neuve pour elle, Marie l’avait communiquée à la Charliette, et la comtesse avait pu y réfléchir. Elle feignit pourtant un nouvel évanouissement, plus profond et moins réel que le premier. Marie et Miette s’en émurent.

— Tout cela est trop cruel, prétendait ma nièce ; cette dame est malade et ne peut pas supporter de pareilles émotions. Qu’elle soit méchante, c’est possible ; mais elle ne peut pas être indifférente pour sa fille, et on lui en demande trop !

— Laissez-moi seul avec elle, leur dis-je, et ne vous inquiétez de rien. Allez m’attendre à la maison, et, si madame Chantebel est rentrée, dites-lui de faire préparer un bon dîner pour nous remettre tous de nos émotions.

Quand ils furent partis, madame de Nives ne me fit pas attendre longtemps la reprise de possession de ses facultés. Elle versa quelques larmes pour rentrer en matière, en s’écriant que c’était horrible et que mademoiselle de Nives se vengeait d’une manière atroce.

— Mademoiselle de Nives ne se venge pas, répondis-je. Elle est réellement d’une douceur