Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/228

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— Pour cela, non, reprit-il en me serrant sur sa poitrine à m’étouffer, c’est vous, toujours vous qui serez notre ange gardien !

Ma femme arriva sur ces entrefaites, et les bras lui tombèrent de surprise en me voyant embrasser les deux fiancés. Ses yeux n’étaient pas assez grands pour interroger le visage et le costume de mademoiselle de Nives.

— Madame Chantebel, dis-je en la lui présentant, veuillez, je vous prie, bénir et embrasser votre future nièce, une paysanne, comme vous voyez, mais très-bien née et très-digne de votre meilleure affection.

— Est-ce une plaisanterie ? dit ma femme ; Jacques se marierait comme cela tout d’un coup avec une personne que nous ne connaissons point ?

— Vous me connaîtrez en trois mots, dit mademoiselle de Nives. Je suis venue déguisée à Percemont pour consulter M. Chantebel. Il m’a dit qu’il approuvait mon mariage avec Jacques Ormonde. Ma belle-mère est survenue. M. Chantebel nous a réconciliées et même elle a consenti à me faire part d’un trésor inappréciable, l’enfant que vous voyez jouer là-bas, que vous chérissez aussi, et qui va devenir le mien.

— L’enfant ! votre belle-mère ! Je n’y suis pas du tout, dit ma femme stupéfaite. Est-ce un pari pour me mystifier ?