Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/23

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quatre heures, il en est à peine six. Tu peux dans une demi-heure être chez ta cousine. Tu vas prendre Mademoiselle Prunelle, ta bonne petite jument, qui ne galope guère en ton absence et qui va être enchantée de cette promenade. Tu n’as rien à dire à Miette, sinon qu’arrivé à l’instant tu accours serrer sa main et celle de son frère. Cet empressement est la plus concise et la plus nette des explications en ce qui te concerne. Tu verras s’il est accueilli avec plaisir ou avec indifférence. À un garçon d’esprit, il n’en faut pas davantage. Reçu avec joie, tu restes une heure avec eux, et tu reviens nous dire ton triomphe. Éconduit dès les premiers mots, tu reviens à l’instant même et sans demander ton reste. C’est bien simple, et coupe court à toutes les théories que nous pourrions faire, comme à toutes les belles paroles que nous pourrions dire.

— Tu as raison, mon père, répondit Henri en m’embrassant, je pars et je reviens.

Pour patienter, ma femme prit son tricot ; moi, je pris un livre. Je voyais bien qu’elle grillait de me contredire et de me quereller, et je feignais de ne pas m’en douter ; mais elle éclata, et je la laissai aller pour bien connaître sa pensée. Je découvris alors que le mariage de son fils avec Miette lui était devenu antipathique, et que ses lettres ou ses paroles avaient