Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/242

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ture inquiète, devançait les heures fixées par elle-même pour telle ou telle besogne. Avec cela, Miette conservait sans effort l’aveugle soumission de fait, qui est le sine qua non vis-à-vis d’une belle-mère de province, et dès-lors celle-ci, se trouvant satisfaite dans son légitime orgueil de ménagère, lui laissa la gouverne absolue du ménage et avoua que le repos était parfois une douce chose.

De son côté, Jacques Ormonde avait subi et subissait à son grand profit l’influence d’Henri. Leur tête-à-tête à Vignolette avait été employé à se pénétrer mutuellement et à s’apprécier davantage.

— Nous n’avons pas songé à courir et à chasser, me disait Jacques. Croiriez-vous que nous nous sommes enfermés à Vignolette, comme deux ermites, et que nous n’avons fait d’autre exercice que de nous promener dans les vignes et le jardin en causant du matin au soir ? C’est que nous en avions tant à nous dire ! Vraiment nous ne nous connaissions plus. Henri me l’a avoué, il me prenait pour un estomac. Je lui ai avoué que je le prenais pour un cerveau. Nous avons découvert que nous avions avant tout des cœurs qui s’entendaient parfaitement. Émilie trouvera sa cave aussi bien rangée que quand elle nous en a remis les clefs. Nous n’avons bu que de l’eau d’Auval. Dès le premier jour, nous