Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/25

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d’hier, et nous ne trouverions pas trop paysans les enfants de ma sœur ; mais, depuis que nous avons des mâchicoulis au-dessus de nos vignes et une porte fleuronnée à notre pressoir…

— Un pressoir ? Tu comptes faire un pressoir de notre château ?

— Oui, ma chère amie, et si cela ne fait point passer ta folie, je compte mettre à bas la vieille baraque !

— Tu ne le peux pas ! s’écria madame Chantebel indignée. Le château est à ton fils, tu le lui as donné !

— Quand il verra que le château t’a troublé la cervelle, il m’aidera à le démolir.

Ma femme craignait la raillerie ; elle s’apaisa et me promit d’attendre patiemment la décision d’Émilie ; mais bientôt elle s’agita de plus belle. Les heures s’écoulaient, et Henri ne rentrait pas. Je m’en réjouissais, moi ; je me disais que ses cousins l’avaient retenu et qu’ils avaient tous trois grand plaisir à se retrouver. Enfin minuit sonna, et ma femme, craignant quelque accident, allait et venait du jardin à la route, lorsque le galop de la petite jument d’Henri se fit entendre, et un instant après il était près de nous.

— Il ne m’est rien arrivé de fâcheux, répondit-il à sa mère, qui l’interrogeait avec anxiété. J’ai vu Émilie un instant, et j’ai appris d’elle