Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/250

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Au retour de la belle saison, je voulus fêter la Saint-Jean en famille : c’était la fête de ma femme, le vrai nom de Bébelle était Jeanne.

Comme les deux jeunes ménages devaient passer la journée avec nous, j’imaginai de faire préparer un beau déjeuner à la tour de Percemont et de leur en ménager la surprise. Henri n’avait point accueilli l’idée de se confiner sur ce rocher, dont l’isolement eût beaucoup gêné nos fréquentes communications ; mais, comme c’était un des buts préférés de nos promenades, j’avais fait déblayer et arranger plusieurs pièces, notamment une belle salle à manger où le couvert se trouva mis, sur un tapis de feuilles de roses de différents tons, imitant une broderie. Cette tour de Percemont plaisait toujours à ma femme, qui aimait à dire, d’un ton dégagé, à ses amies :

— Nous ne l’habitons pas, nous sommes mieux chez nous, ces choses-là ne sont que des objets de luxe.

Moi, j’avais pardonné au vieux donjon les petits ennuis qu’il m’avait causés. J’y avais obtenu le plus beau succès de ma vie, succès de persuasion qui avait décidé du bonheur de mes enfants, sans compter celui de la pauvre petite Léonie, qui méritait d’être aimée ; c’est le droit sacré des enfants.

Tous mes chers convives se retrouvèrent là