Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/269

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

francs pour s’établir, et, comme il est aimable et joli garçon, que notre famille est honorable et mon nom sans tache, il peut aspirer à trouver une demoiselle de deux cent mille francs. Dans cette position-là, il pourra vivre sans travailler, puisque c’est son rêve, et s’amuser à peindre, puisque c’est son goût ; mais il serait bon que la demoiselle eût des habitudes modestes, et à Paris ce serait un oiseau rare. Dans notre bon et honnête pays, on peut encore rencontrer ça, et j’ai jeté les yeux sur la petite Chevreuse, qui est dans une bonne position de fortune et qui a été élevée à la campagne. J’ai connu ses parents, qui étaient d’honnêtes gens, et je l’ai vue elle-même l’an dernier à la Faille. Elle n’est pas bien belle, mais elle n’est pas laide. Dans ta dernière lettre, tu m’as fait l’éloge de sa conduite aimable avec ta mère, et, puisqu’elle n’est pas encore mariée, je pense que mon fils lui conviendra.

» Donc, mon cher ami, je t’envoie mon Philippe pour huit jours. Il sera chez toi le 7 de ce mois. Il ne répugne point au mariage, mais il ne voudrait pas d’une femme laide et mal élevée. Il verra chez toi Marianne Chevreuse, et, si elle ne lui déplaît pas, tu pourras engager l’affaire pendant son séjour ou aussitôt après son départ. Je compte sur ta vieille affection, à charge de revanche. »