Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/302

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— Oui-dà ! tu attendras notre opinion pour te décider ?

— Certainement.

— Je n’accepte pas une pareille responsabilité, reprit André sèchement ; je ne me connais pas en maris, et je crois que tu te moques de nous en feignant de ne pas t’y connaître.

— Et comment m’y connaîtrais-je ? dit Marianne en ouvrant ses grands yeux étonnés.

— Tu sais pourquoi tu as refusé ceux qu’on t’a offerts ? Donc tu sais ce que tu veux, et pourquoi tu accepteras celui-ci.

— Ou un autre ! reprit Marianne avec un demi-sourire. Ne vous en allez pas, mon parrain, j’ai quelque chose à vous demander.

— Ah ! ce n’est pas malheureux ! Voyons, tu veux savoir comment doit être le mari qui te convient ?

Ils s’assirent tous trois sur un banc, madame André au milieu.

— Non, répondit Marianne, vous ne le savez pas, car vous n’y avez jamais songé, ou vous ne me répondriez pas sérieusement, car vous ne vous intéressez pas beaucoup à mon avenir. Je veux vous demander une chose qui n’a qu’un rapport indirect avec le mariage. Je voudrais savoir si une fille dans ma position peut s’instruire sans quitter sa demeure et ses habitudes.

— Quelle singulière question elle me fait là !