Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/48

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appartient en totalité à Marie, et le moment approche où cette jeune personne va me demander des comptes de tutelle, contrairement aux intentions de son père, après quoi elle nous chassera de la maison.

Ici madame Alix de Nives se tut et me regarda pour m’interroger, sans émettre sa pensée.

— Vous voudriez connaître, lui dis-je, un moyen pour éluder cette triste nécessité. Il n’y en a pas. Si par testament M. de Nives vous a attribué l’usufruit de tous ses biens, s’en rapportant à votre caractère et à votre loyauté pour pourvoir aux besoins et à l’établissement de ses deux filles, il n’a pu s’attribuer le droit de disposer des biens de sa défunte femme. M’apportez-vous le testament et les deux contrats de mariage du comte de Nives ?

— Oui, monsieur, les voici.

Quand j’eus examiné les pièces, je vis que le défunt s’était bercé d’une illusion qu’il avait fait partager jusqu’à un certain point à sa femme. Il avait cru pouvoir lui assurer le revenu de la terre de Nives, sauf par elle à ne point entamer ni détériorer le bien-fonds qui revenait de droit à Marie.

— Mon mari a pourtant consulté avant de rédiger ce testament, dit la comtesse d’un air de doute en me voyant hausser les épaules.

— Il a pu consulter, madame, mais ce n’est