Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/58

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Quand sa mère mourut, elle fut la proie d’un désespoir qui me parut sincère, mais peu de jours après elle se reprit à jouer et à courir.

— Elle avait onze ans ! À cet âge-là, on ne peut pas pleurer longtemps sans une réaction violente dans le sens de la vie active ; cela arrive même parfois à des personnes faites.

— Très bien, monsieur, vous plaidez pour elle !

— Je vous l’ai dit, je ne la connais pas.

— Vous avez été prévenu en sa faveur par quelqu’un, cela est certain. Attendez ! vous avez une parente, une nièce, je crois, qui a été au couvent avec elle à Riom ;… c’était une demoiselle… Pardon ! son nom ne me revient pas. Marie l’appelait sa chère petite Miette.

Je ne pus me défendre de tressaillir, une vive commotion s’était produite dans mon cerveau. Cette personne cachée la veille chez Émilie, cachée peut-être depuis un mois, à qui elle avait dit : Ne vous montrez pas ! les quiproquos entre Jacques et mon fils, cet espoir de mariage annoncé par Jacques comme devant lui être confié dans un mois,… ces empreintes de grandes bottines sur le sable du jardin des religieuses de Clermont… Le grand Jacques Ormonde était-il l’auteur de l’enlèvement ? Miette Ormonde, l’ancienne amie de couvent, était-elle la recéleuse ?