Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/72

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as chargé notre notaire de vendre ta prairie et le bois de châtaigniers. Je ne veux pas que tu entames ton bien. J’ai de l’argent ; te faut-il cent mille francs ? Je les ai, et ils sont à toi. »


Les dettes de Jacques n’avaient pas atteint la moitié de ce chiffre. Elles furent payées, et il revint, résolu à n’en plus faire.

Il avait accepté de demeurer à Vignolette chez Émilie, que la mort de sa tante laissait seule, et il avait remis ses projets de construction à Champgousse jusqu’au jour où Émilie serait mariée.

Depuis deux ans qu’il avait vécu avec elle, sa vie de libertinage avait pris un caractère pratique fort étrange. Il cachait avec soin ses équipées à la bonne Émilie, et cela était assez facile vis-à-vis d’une personne vivant dans une retraite absolue et ne sortant presque jamais de chez elle. Il avait des rendez-vous de chasse de tous côtés, et s’y trouvait avec ses amis en partie de plaisir à toutes les époques de l’année. Il ne paraissait pas dans le monde de Riom, où l’austérité bourgeoise eût gêné ses allures ; mais il avait toujours, soit là, soit à Clermont, quelque affaire qui l’aidait à cacher des relations mystérieuses dont il faisait volontiers la confidence à tout le monde. Seulement, comme il était