Page:Sand - Valentine, CalmannLévy, 1912.djvu/93

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Valentine comprit sur-le-champ la vérité.

— Parle ! s’écria-t-elle, où est Bénédict ? qu’est devenu Bénédict ?

Et voyant le trouble et la consternation de sa nourrice, elle dit en joignant les mains :

— Ô mon Dieu ! c’est donc bien vrai, tout est fini !

— Hélas ! Mademoiselle, comment donc le savez-vous ? dit Catherine en s’asseyant sur le lit ; qui donc a pu entrer ici ? j’avais la clef dans ma poche. Est-ce que vous avez entendu ? Mais mademoiselle Beaujon me l’a dit si bas, dans la crainte de vous éveiller… Je savais bien que cette nouvelle vous ferait du mal.

— Ah ! il s’agit bien de moi ! s’écria Valentine avec impatience en se levant brusquement. Parlez donc ! qu’est devenu Bénédict ?

Effrayée de cette véhémence, la nourrice baissa la tête et n’osa répondre.

— Il est mort, je le sais ! dit Valentine en retombant sur son lit, pâle et suffoquée ; mais depuis quand ?

— Hélas ! dit la nourrice, on ne sait ; le malheureux jeune homme a été trouvé au bout de la prairie, ce matin, au petit jour. Il était couché dans un fossé et couvert de sang. Les métayers de la Croix-Bleue, en s’en allant chercher leurs bœufs au pâturage, l’ont ramassé, et tout de suite on l’a porté dans sa maison ; il avait la tête fracassée d’un coup de pistolet, et le pistolet était encore dans sa main. La justice s’y est transportée sur-le-champ. Ah ! mon Dieu ! quel malheur ! Qu’est-ce qui a pu causer tant de chagrin à ce jeune homme ? On ne dira pas que c’est la misère ; M. Lhéry l’aimait comme son fils ; et madame Lhéry, que va-t-elle dire ? Ce sera une désolation.

Valentine n’écoutait plus, elle était tombée