Page:Sand - Valvèdre.djvu/112

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rale, capable de l’abandonner au lendemain de sa défaite. C’est à moi de lui prouver maintenant que je suis un homme, un homme positif en amour. Il est vrai, mais susceptible de dévouement, de reconnaissance et de fidélité. Donnons-lui confiance en acceptant à titre d’épreuve tous les sacrifices qu’il lui plaira de m’imposer. C’est à moi de la persuader peu à peu, de fasciner sa raison, d’attendrir son cœur et de lui faire partager le délire qui me possède.

Je me jurai de ne pas être hypocrite, de ne me laisser arracher aucune promesse de vertu irréalisable, et de faire simplement accepter ma soumission comme une marque de respectueuse patience. J’écrivis quelques mots au crayon sur une page de carnet :

« Vous avez mille fois raison ; je n’étais pas digne de vous. Je le deviendrai, si vous ne m’abandonnez pas au désespoir. »

Je rentrai chez elle sous le prétexte de reprendre un livre, je lui glissai le billet presque sous les yeux de Paule, et je retournai sur la galerie, où la réponse ne se fit pas attendre. Elle vint me l’apporter elle-même en me tendant la main avec un regard et un sourire ineffables.

— Nous essayerons ! me dit-elle.

Et elle s’enfuit en rougissant.

J’étais trop jeune pour suspecter la sincérité de cette femme, et en cela j’étais plus clairvoyant que ne l’eût été l’expérience, car cette femme était sincère. Elle avait besoin d’aimer, elle aimait, et elle cherchait le