Page:Sand - Valvèdre.djvu/115

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Pierre, car la tourmente a envahi les hautes neiges, et les dangers qu’il a courus pour en sortir seraient aujourd’hui insurmontables. Tu peux maintenant dire la vérité à ces dames et les exhorter à la patience. Dans deux ou trois jours, nous serons tous réunis. »

En apprenant que Valvèdre avait été en grand péril, en devinant, à travers le silence d’Obernay sur son propre compte, que lui-même avait dû courir des dangers sérieux, Paule, à qui je fis part de la lettre, eut un tremblement nerveux assez violent et me serra la main en silence.

— Courage, lui dis-je, ils sont sauvés ! La fiancée d’un savant doit être une femme forte et s’habituer à souffrir.

— Vous avez raison, répondit la brave enfant en essuyant de grosses larmes qui vinrent à propos la soulager ; oui, oui, il faut du courage : j’en aurai ! Songeons à ma belle-sœur : que lui dirons-nous ? Elle n’est pas forte ; depuis quelques jours surtout, elle est très-nerveuse et très-agitée. Elle ne dort pas. Laissez-moi la lettre, je ne la lui montrerai qu’après l’avoir convenablement avertie.

— Elle est donc bien attachée à son mari ? m’écriai-je étourdiment.

— En doutez-vous ? reprit Paule étonnée de mon exclamation.

— Non certes ; mais…

— Mais si, vous en doutez ! Ah ! vous n’avez pas traversé Genève sans entendre quelque calomnie sur