Page:Sand - Valvèdre.djvu/172

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l’aimais d’instinct, d’entraînement, de conviction et par fatalité peut-être, cet homme accompli que je venais essayer de tromper, de rendre par conséquent malheureux ou ridicule !

La tête me tournait quand Obernay me présenta à Valvèdre, et j’ignore si je réussis à faire bonne contenance. Quant à lui, il eut un très-vif sentiment de surprise, mais tout aussitôt réprimé.

— C’est là ton ami ? dit-il à Henri. Eh bien, je le connais déjà. J’ai fait la traversée du lac avec lui ce matin, et nous avons philosophé ensemble pendant plus d’une heure.

Il me tendit la main et serra cordialement la mienne. Adélaïde nous appela pour déjeuner, et nous nous assîmes vis-à-vis l’un de l’autre, lui tranquille et n’ayant aucun soupçon, puisqu’il ignorait mon mensonge, moi aussi en train de manger que si j’allais subir la torture. Pour m’achever, Alida vint s’asseoir auprès de son mari d’un air d’intérêt et de déférence, et s’efforcer, tout en causant, de deviner quelle impression nous avions produite l’un sur l’autre.

— Je connaissais M. Valigny avant vous, lui dit-elle ; je vous ai dit qu’à Saint-Pierre il avait été notre chevalier, à Paule et à moi, pendant qu’Obernay vous cherchait dans ces affreux glaciers.

— Je n’ai pas oublié cela, répondit Valvèdre, et je suis content d’être l’obligé d’une personne qui m’a été sympathique à première vue.

Alida, nous voyant si bien ensemble, retourna au