Page:Sand - Valvèdre.djvu/20

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— Pas encore. Et vous ?

— Je ne le connais que de réputation ; on parle beaucoup de lui à Genève, où je réside, et on parle de sa femme encore davantage. La connaissez-vous, sa femme ? Non ? Ah ! mon cher, qu’elle est jolie ! Des yeux longs comme ça (il me montrait la lame de son couteau) et plus brillants que ça ! ajouta-t-il en montrant un magnifique saphir entouré de brillants qu’il portait à son petit doigt.

— Alors ce sont des yeux étincelants, car vous avez là une belle bague.

— La souhaitez-vous ? Je vous la cède pour ce qu’elle m’a coûté.

— Merci, je n’en saurais que faire.

— Ce serait pourtant un joli cadeau pour votre maîtresse, hein ?

— Ma maîtresse ? Je n’en ai pas !

— Ah bah ! vraiment ? Vous avez tort.

— Je me corrigerai.

— Je n’en doute pas ; mais cette bague-là peut hâter l’heureux moment. Voyons, la voulez-vous ? C’est une bagatelle de douze mille francs.

— Mais, encore une fois, je n’ai pas de fortune.

— Ah ! vous avez encore plus tort ; mais cela peut se corriger aussi. Voulez-vous faire des affaires ? Je peux vous lancer, moi.

— Vous êtes bijoutier ?

— Non, je suis riche.

— C’est un joli état ; mais j’en ai un autre.