Page:Sand - Valvèdre.djvu/201

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avançait, on pouvait s’inquiéter de l’absence de madame de Valvèdre et la chercher.

— Rentrez, lui dis-je ; je dois quitter cette ville, où nous sommes entourés de dangers et d’amertumes. Je me tiendrai dans les environs, je m’y cacherai et je vous écrirai. Il faut absolument que nous trouvions le moyen de nous voir avec sécurité et d’arranger notre avenir d’une manière décisive.

— Écrivez à la Bianca, me dit-elle ; j’aurai vos lettres plus vite que par la poste restante. Je resterai à Genève pour les recevoir, et, de mon côté, je réfléchirai à la possibilité de nous revoir bientôt.

Elle redescendit le jardin, et j’y restai après elle pour qu’on ne nous vît pas sortir ensemble. Au bout de dix minutes, j’allais me retirer, lorsque je m’entendis appeler à voix basse. Je tournai la tête ; une petite porte venait de s’ouvrir derrière moi dans le mur. Personne ne paraissait, je n’avais pas reconnu la voix ; on m’avait appelé par mon prénom. Était-ce Obernay ? Je m’avançai et vis Moserwald, qui m’attirait vers lui par signes, d’un air de mystère.

Dès que je fus entré, il referma la porte derrière nous, et je me trouvai dans un autre enclos, désert, cultivé en prairie, ou plutôt abandonné à la végétation naturelle, où paissaient deux chèvres et une vache. Autour de cet enclos si négligé régnait une vigne en berceau soutenue par un treillage tout neuf à losanges serrées. C’est sous cet abri que Moserwald m’invitait à le suivre. Il mit le doigt sur ses lèvres et me condui-