Page:Sand - Valvèdre.djvu/217

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fense des projets de mariage de ce Moserwald ? Il voulait gagner mon cœur à force de bagues et de colliers ! Il raisonnait à son point de vue, qui n’est pas le nôtre. Un juif est un animal sui generis, comme dirait M. de Valvèdre ; il n’y a pas à discuter avec ces êtres-là, et rien de leur part ne peut nous atteindre.

— Vous détestez les juifs à ce point ? lui dis-je.

— Non, pas du tout ! je les méprise !

Je fus choqué de ce parti pris, inique à tant d’égards ; j’y vis une preuve de plus de ce levain d’amertume et d’injustice réelle qui était dans le caractère d’Alida ; mais ce n’était pas le moment de s’arrêter à un incident, quel qu’il fût : nous avions tant de choses à nous dire !

Elle entra dans le casino, elle en critiqua la richesse avec dédain et ne regarda pas seulement les perles.

— Au milieu de toutes les imbécillités de ce Moserwald, dit-elle, il y a une bonne idée dont je m’empare. Il veut que nous surprenions les secrets de mon mari. Cela peut vous répugner ; mais c’est mon droit, et c’est pour essayer cela que je suis venue.

— Alida, repris-je saisi d’inquiétude, vous êtes donc bien tourmentée des résolutions de votre mari ?

— J’ai des enfants, répondit-elle, et il m’importe de savoir quelle femme aura la prétention de devenir leur mère. Si c’est Adélaïde… Pourquoi donc rougissez-vous ?

J’ignore si j’avais rougi en effet, mais il est certain que je me sentais blessé de voir l’immaculée sœur d’Obernay mêlée à nos préoccupations. Je n’avais pas