campagne, fort retirée, avec ses deux belles-sœurs et ses deux enfants.
— Je vois que Moserwald est, en effet, mal renseigné : il m’avait dit quatre enfants et une belle-sœur ; mais, toi, sais-tu que tu te contredis beaucoup sur le compte de cette femme ? Elle est irréprochable, et pourtant tu ne l’estimes pas !
— Je ne sais rien à reprendre dans sa conduite ; je n’estime pas son caractère, son esprit, si tu veux.
— En a-t-elle, de l’esprit ?
— Moi, je ne trouve pas ; mais elle passe pour en avoir.
— Elle est toute jeune ?
— Non ! Elle s’est mariée à vingt ans, il y a déjà… oui, il y a dix ans environ. Elle peut avoir la trentaine.
— Eh ! ce n’est pas si jeune, en effet ! Et son mari ?
— Il a quarante ans, lui, et il est plus jeune qu’elle, car il est agile et fort comme un sauvage, tandis qu’elle est nonchalante et fatiguée comme une créole.
— Qu’elle est ?
— Non, c’est la fille d’une Espagnole et d’un Suédois ; son père était consul à Alicante, où il s’est marié.
— Singulier mélange de races ! Cela doit avoir produit un type bizarre ?
— Très-réussi comme beauté physique.
— Et morale ?
— Morale, moins, selon moi… Une âme sans éner-