Page:Sand - Voyage en Auvergne, paru dans Le Figaro, 04 et 11 août 1888.djvu/45

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dit la femme qui est gracieuse comme une ortie, est-ce que ça mangera de notre fromage ? Tu ne vois point qu’ils se moquent de nous ? — Ah çà ! dit le mari, d’un air menaçant, en descendant de la chaise sur laquelle il était monté pour décrocher un fromage enfumé, n’allez pas vous donner les airs de nous mépriser… Et il montrait le poing prêt à nous assommer pour nous prouver comme on était bien reçu chez lui.

Mais en nous voyant assis déjà autour du gigot et moi déployant de bonne grâce la serviette tachée de vin du conducteur d’outres, il reprit sa belle humeur. — Tais-toi, ma femme, tu n’es qu’une bête, voilà une petite dame qui n’a pas l’air fier. Ah çà ! n’est-ce pas que ce gigot est bon ? Les muletiers l’ont trouvé excellent hier au soir. — Parbleu, mon ami, dit B. (le Champenois) il n’y paraît que trop.


Au fait, il était délicieux, nous avions tellement faim ! Ce lac d’Aydet ne vaut pas la peine qu’on fasse quinze lieues pour le voir ; cependant il est joli, son eau est bleue comme le ciel et sur ses bords croissent mille fleurs charmantes dont nous