Page:Sand Musset Decori - Correspondance.djvu/172

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enthousiasme des premières années de la carrière, qui a besoin d’être si ardent pour en couvrir les difficultés. Mais cette force que j’avais pour fermer les yeux, afin d’y conserver le rayon de mon soleil, alors même qu’il s’éteignait, je n’en al plus besoin. Je contemple, les yeux toujours ouverts, une lumière toujours éclatante et pure. Tu m’as fait de grandes et belles prédictions, dans les élans de ta plus vive amitié, alors qu’elle était déjà assez forte pour faire taire les intérêts de l’amour. Tu m’as dit qu’il était temps pour moi de recueillir le fruit de toute une vie de fatigue et que le dernier amour d’une femme était le plus beau. Tes prédictions se réalisent, mon enfant, et j’oublie jusqu’au nom des souffrances que je croyais autrefois inévitablement liées à l’affection. Je souffre encore souvent et beaucoup, mais jamais par lui. N’ayant pas une petite pièce de monnaie pour m’acheter un bouquet, il se lève avant le jour et fait deux lieues à pied