— Un voyageur autour du monde, dit un autre.
— Un furieux, un fou, ajouta un troisième en s’éloignant.
— Peut-être pas si fou qu’on le pense, dit le premier qui avait parlé ; mais qui peut savoir la vérité ?…
— C’est une histoire singulière et que nul que lui ne peut raconter.
Le Français, frappé profondément de l’aspect de Valterna, céda à un sentiment d’intérêt irrésistible en poursuivant ses questions. Les uns lui dirent que c’était l’amant disgracié de la cantatrice Gina, d’autres que c’était l’amant heureux de la duchesse de R**. — Écoutez, lui dit-on, si vous êtes curieux de le connaître, essayez de le faire parler ; peut-être vous montrera-t-il plus de confiance qu’à un ancien ami, peut-être aussi vous tournera-t-il le dos sans vous répondre ; car il est bizarre, inégal, inexplicable, mais il n’est pas méchant. Avant sa folie c’était un grand cœur. Allez, parlez-lui de Gina. Si une fois vous le mettez en train de raconter, il vous en dira beaucoup ; mais on ne peut que médiocrement se fier à ses récits, car il ne sait pas toujours lui-même ce qu’il doit penser de sa vie.