Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/100

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agréablement l’orgueil de sa fille. Laure n’avait pas la prétention d’être une héroïne de roman. C’était, je l’ai déjà dit, un esprit très calme, et qui avait toujours envisagé le mariage comme une affaire d’ambition, comme une question de libre échange. Cependant il ne lui déplaisait pas d’inspirer une passion désintéressée, et de se sentir aimée pour elle-même. Ses amies de pension ne s’étaient pas fait faute de lui répéter qu’elle trouverait peut-être quelque petit hobereau qui consentirait à l’épouser pour ses écus ; elle se figurait leur dépit, si elles apprenaient jamais qu’un gentilhomme de haut lignage l’avait épousée par amour, La passion et le désintéressement du vicomte ne pouvaient être mis en doute, et Laure avait assez de raison pour se dire qu’une occasion pareille ne se présente pas deux fois dans la destinée d’une jeune fille affligée d’un million de dot. Gas-