Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/106

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blés onduler à ses pieds, elle écoutait le chant des brises, elle aspirait l’air embaumé des prés ; son cœur se dégageait peu à peu des ambitions mesquines qui, quelques heures auparavant, le remplissaient encore tout entier. C’est que la bonne et sainte nature a de mystérieuses influences auxquelles ne sauraient échapper les âmes les plus rebelles ; c’est qu’elle a de muets enseignements d’une éloquence irrésistible : le spectacle des œuvres de Dieu en dit plus sur le néant des vanités mondaines que toutes les oraisons funèbres de Bossuet et de Massillon. Malheureusement, le mal était profond chez Laure, et la pauvre enfant ne devait pas tarder à reprendre les liens misérables sous lesquels l’éducation avait étouffé tous ses bons instincts.

Laure chevauchait ainsi depuis quelques heures, au gré de sa monture, sans se douter qu’avec son amazone, son chapeau de