Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/113

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et de fleurs. Les joncs, les saules, les glaïeuls, croissaient dans les fossés où chantaient les rainettes. Le lierre et les ronces grimpaient jusqu’au front des tours ; de toutes les fenêtres, de toutes les crevasses pendaient des touffes de ravenelle, de mille-pertuis et de pariétaire. Un perron de dix degrés montait fièrement de la cour dans le vestibule. Les alentours étaient agrestes, même un peu sauvages. Les fabriques et les manufactures n’avaient pas pénétré jusque-là. La Sèvre ne réfléchissait que le luxe de ses ombrages. Le village, qui s’étendait à deux portées de fusil du manoir, n’offrait à l’œil qu’un éparpillement de fermes isolées, ralliées autour d’un clocher rustique. En ce moment, la vallée était déserte ; le château lui-même semblait inhabité. Rien ne trahissait la vie à l’intérieur : pas un bruit, pas un mouvement, pas un filet de fumée bleuâtre s’élevant en spirale