Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/118

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une surtout attira les regards de Laure. C’était une grande dame habillée en bergère-camargo, robe de moire, avec paniers et tonnelet, talons rouges, houlette en main et petit chapeau sur le coin du chignon. Elle se tenait gravement au milieu de ses moutons, et près d’elle, sur la même toile, un La Rochelandier en casaque de velours gorge de pigeon et à pélerine, avec un chapeau en lampion sur la tête, lui présentait de l’air le plus respectueux un lapin blanc tapi dans une corbeille de roses. Le portrait de la marquise n’eût pas déparé cette collection de visages aristocratiques. Quoiqu’elle eût passé depuis longtemps la première et même la seconde jeunesse, la marquise était belle encore, marchait la tête haute, la poitrine en avant, et avait le port d’une reine. Tout révélait en elle l’instinct de la domination. Ses lèvres, qui souriaient avec une grâce