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Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/13

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peine remarqué, sans les prétentions qui s’efforçaient de le dissimuler. C’était, au moral, un caractère positif, une imagination rassise, un cœur sûr de lui-même, et qui n’avait jamais voyagé dans le pays des rêves et des chimères. La vanité avait flétri en elle de son souffle glacé toutes les fleurs qui s’épanouissent au matin de la vie. Si sa mère eût vécu plus longtemps, sans doute elle eût réussi à développer les germes précieux que l’orgueil avait étouffés. Livrée trop tôt à elle-même, Laure avait négligé, comme des plantes inutiles, toutes ses bonnes qualités, pour ne s’occuper que de ses travers. Il serait injuste de ne pas ajouter qu’elle avait plus de talents que n’en ont généralement les jeunes filles de son âge. Constamment rabaissée par ses compagnes, elle n’avait rien négligé pour s’élever au-dessus d’elles. Elle était bonne musicienne et peignait le