Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’une voix si mélodieuse et si caressante, que notre ami Gaspard se sentit pleinement rassuré.

— Quoique bien jeune encore, reprit-il avec mélancolie, je croyais depuis longtemps en avoir fini pour jamais avec les orages de la passion. Foudroyé à vingt ans, j’avais dit adieu à tous les riants fantômes du matin de la vie ; j’avais dit à l’amour un éternel adieu. Mon cœur n’était qu’un monceau de cendres. Il ne restait plus qu’à m’envelopper d’un linceul et à me coucher dans ma tombe, lorsque vous m’êtes apparue. Bienfait et bénédiction ! étiez-vous descendue sur la terre pour guérir les blessés et réveiller les morts ? En vous voyant, je me sentis renaître, et, comme Lazare, je tendis vers le ciel mes bras ressuscités.

— Continuez, monsieur le vicomte, dit Laure à Gaspard, que venait de trahir sa mémoire paresseuse.