Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/339

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fice lézardé depuis longtemps, emporté sans retour par le flot de la révolution, mais comme d’un palais dont les pierres, un moment dispersées, allaient se réunir et reprendre leur place. Le présent allait s’effacer comme un songe, le trône de saint Louis allait se relever. À ces hardis propos, M. Levrault tressaillait, dressait l’oreille comme un mulet qui flaire l’orage, et se demandait avec effroi s’il avait bien entendu, s’il était bien chez lui, s’il n’était pas dupe de quelque hallucination. Plus d’une fois, il avait été tenté d’imposer silence à ces hôtes malencontreux, à ces parleurs impertinents ; la prudence avait toujours enchaîné l’indignation sur ses lèvres. Les contredire, leur fermer sa porte, n’était-ce pas compromettre, ruiner en un jour le fruit de sa longanimité ? Il se contenait donc ; mais, tout en se contenant, il se sentait dévoré de défiance. La