Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/491

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pourrait amener M. Levrault jusqu’au seuil de la porte, se promettant bien de la fermer derrière lui. Il s’agissait de reconduire poliment, d’éveiller en lui le désir de partir, de renoncer à la retraite, de rentrer dans la vie active : c’était là sa constante préoccupation, son unique pensée.

— Je crains bien, mon ami, dit-elle enfin de sa voix la plus douce, que notre vie solitaire ne vous ennuie. Depuis quelques jours, je vous observe, je vous étudie avec inquiétude. Vous êtes pâle, vous maigrissez, vos facultés s’étiolent dans l’inaction.

— Votre amitié, madame, s’alarme sans sujet, répondit M. Levrault de sa plus douce voix ; je ne me suis jamais mieux porté, je n’ai jamais mangé d’un si vif appétit. Je dors d’un sommeil paisible ; le matin, à mon réveil, j’écoute avec bonheur le chant du coq, je salue avec joie les premiers rayons qui se