Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/503

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ne pouvaient vivre l’un sans l’autre. Ils s’aidaient l’un l’autre à tuer le temps, ce mortel ennemi des gens qui ne font rien ; chacun des deux trouvait dans le dépit de son interlocuteur une source intarissable de contentement. La marquise maudissait la république ; M. Levrault parlait d’effacer les écussons de la famille, accablait de son ironie ces derniers vestiges de la féodalité, et demandait s’il n’était pas temps de convertir en pigeonnier une tour crénelée dont la défense héroïque était consignée dans les archives des La Rochelandier. Ces querelles sans fin, auxquelles Gaston et Laure demeuraient étrangers, se prolongeaient souvent bien avant dans la nuit. Un soir, ils étaient aux prises et ressassaient pour la centième fois l’éternelle question des écussons et des créneaux : au bruit d’une voiture qui entrait dans la cour, ils se turent tout à coup et se regardè-