Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/522

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ignoré, si longtemps négligé. Que fallait-il pour cultiver ce champ dont il avait méconnu la richesse ? En arracher quelques brins d’ivraie, déraciner les travers puérils, les désirs frivoles, les idées étroites qu’il avait laissé grandir, qu’il avait encouragés par son indifférence : le malheur avait fait ce que Gaston n’avait pas su faire.

Laure, qui n’avait vu dans Gaston qu’un marquis et rien de plus, voyait maintenant en lui un homme nouveau. Gaston, en effet, l’avait traitée jusque-là avec froideur ; l’orgueil, la crainte de passer pour un courtisan de l’opulence, arrêtaient sur ses lèvres tout ce qui pouvait ressembler à un témoignage d’affection ; cette crainte, en s’évanouissant, avait réveillé tous ses bons instincts. Il n’avait plus cette impassible courtoisie qui soumet tous les mouvements aux lois de l’étiquette et enveloppe la vie d’une atmosphère glacée.