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Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/530

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Pour avoir la paix et se donner en même temps un air de grandeur et de générosité, M. Levrault tira sa bourse et la jeta à Timoléon avec la grâce et le laisser-aller d’un marquis de l’ancienne comédie.

Le lendemain était un dimanche ; Timoléon rôdait dans le village voisin. Comme les paysans sortaient de l’église, il trouva moyen de lier conversation avec deux garçons de ferme, les entraîna au cabaret et demanda un broc du meilleur vin. À peine attablé, il commença son rôle d’apôtre. La singularité de ses discours, la longueur de sa barbe, eurent bientôt attiré autour de lui un nombreux auditoire. Il leur expliquait la sublime théorie de la vraie et de la fausse propriété, le partage des fruits de la terre entre tous les membres de la communauté, la nécessité d’abolir l’héritage. Déjà il touchait aux cimes les plus hautes de la vérité sociale,