Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/533

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courut à toutes jambes. Les paysans le serraient de près. Comme il passait devant une mare ; Claude-l’éveillé et François-l’ahuri le prirent dans leurs bras vigoureux et le lancèrent au milieu de la fange. Quand les paysans, satisfaits de la double leçon qu’ils venaient de lui donner, se furent éloignés, Timoléon, dont la barbe limoneuse ne ressemblait pas mal à celle d’une divinité aquatique, s’essuya de son mieux en se roulant sur l’herbe d’un pré voisin et regagna piteusement le château Levrault. La leçon avait été si bonne, qu’il fallut le mettre au lit. Après avoir maugréé pendant une semaine entière au milieu des tisanes et des compresses, il appela M. Levrault à son chevet.

— Vous aviez raison, lui dit-il d’un air contrit ; la vérité sociale ne germera jamais dans cette terre maudite. Je ne le sens que trop, la Bretagne est condamnée à croupir