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Page:Sandeau - Sacs et parchemins.djvu/90

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lui devait quelques milliers d’écus hypothéqués sur la dot de sa femme et sur les brouillards de la Sèvre, car du domaine de ses pères il n’était plus question depuis longues années, et quand M. Levrault avait parlé du pigeonnier du vicomte, le brave homme ne croyait pas si bien dire, il ne se doutait pas de l’heureux choix de l’expression. Ennemi de la bourgeoisie à laquelle il ne pardonnait pas de s’élever et de s’enrichir, jeune encore d’esprit, fin railleur malgré ses soixante ans et la goutte assassine, le comte de Kerlandec avait saisi avec avidité l’occasion de rentrer dans ses fonds et de s’amuser en même temps aux dépens d’un bourgeois riche et sot. Enfin, comme il n’avait ni chevaux ni voiture, le comte n’était pas fâché de promener sa goutte dans la calèche de M. Levrault. Le chevalier de Barbanpré se prenait en effet pour un descendant de Godefroy de Bouillon.