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Page:Sandre - Le chèvrefeuille, 1924.djvu/68

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LE CHÈVREFEUILLE

souffrance inavouable au demeurant. Parmi tant d’horreurs déchaînées, qu’était-ce que l’amour en peine d’un homme et d’une femme, qui n’avaient même pas d’enfant, qui n’étaient même pas pauvres, qui ne vivaient enfin pour personne que pour eux ? Que risquaient-ils ? Lui, de mourir ; mais combien d’autres mouraient ! Elle, de le perdre ; mais on sourit, car on sait bien que nul n’est indispensable ici-bas et qu’on ne meurt pas d’amour. Je n’ai rien à répondre à cela, que ceci : cette femme et cet homme souffraient à cause de la guerre, qui les séparait. Pour le reste du monde, ce n’est rien. Pour eux, c’était tout, et trop.

— Si tu meurs, j’en mourrai ! lui avait-elle dit.