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fenêtre fermée, porte ouverte

Elle est située dans le même bâtiment no III, au rez-de-chaussée, près de la kantine.

La chambre no 23 se compose en réalité de deux pièces communiquant entre elles par une large ouverture. Dans chaque pièce, il y a cinq lits. Celle du fond est entièrement occupée. Dans l’autre, un lit est disponible, près de la porte, le mien. C’est un lit militaire, deux pieds de châlit en fer et trois planches. Ni paillasse, ni matelas ; mais un sommier en trois morceaux, ou, plus exactement trois petits sommiers, carrés, légèrement matelassés, qu’on dispose bout à bout dans n’importe quel sens et sur n’importe quelle face, car ils sont interchangeables. Un drap de toile blanche est étendu sur le sommier. Dessus, on place une sorte de sac à carreaux bleus et blancs, à peine plus large que le lit, dans lequel on introduit à plat deux couvertures, et cette combinaison tient lieu à la fois de drap et d’édredon. Tous les lits sont pareils. Chaque prisonnier a une armoire haute et étroite, une cuvette en fer battu, un escabeau ou une chaise en bois. Au milieu de la chambre, une table. Dans un coin, un poêle à charbon est allumé. Tel est l’ameublement de la pièce d’entrée, et la pièce du fond est identique, avec cette différence que, dans une embrasure de fenêtre, il y a un piano, loué par un des officiers de la chambre.

Mes nouveaux camarades sont tous d’anciens prisonniers. Je me présente et ils me reçoivent selon leur caractère, les uns avec empressement parce qu’ils sont curieux d’apprendre des nouvelles, et les autres avec nonchalance parce qu’ils sont blasés par ce genre d’événements. Le capitaine B***, des chasseurs à