Saint-Angeau était devenu tolérable. Berlin nous autorisait à écrire trois lettres en France pour signaler la situation qui nous était faite. C’était le chantage sans scrupule. Suivait l’énumération des mesures prescrites.
Des murmures couraient autour du commandant L***, qui n’arrivait plus à dominer le tumulte. Personne n’écoutait la longue liste des vexations qui nous menaçaient. Une espèce de fièvre s’emparait de nous. Enfin ! l’Allemagne offrait une distraction à notre oisiveté ; car nous ne doutions pas que les représailles ne dussent nous apporter un peu de mouvement.
La joie nous tenait.
— Où est ce Saint-Angeau ?
— En Auvergne.
— Dans le Cantal.
— Vive Saint-Angeau !
— Ah ! ils ne sont pas contents, messieurs les Boches ?
— Chacun son tour.
— On les aura.
Ce fut dans un brouhaha inaccoutumé de voix, de cris, de conversations, qu’on se rassembla pour l’appel. Des mots fusaient de la foule.
— Saint-Angeau !
Le Lièvre effrayé, qui était de service, avait l’air plus effrayé que jamais. Derrière lui des plaisanteries s’étouffaient.
— On les aura !
L’annonce des représailles avait réveillé le camp. Tant qu’elles durèrent, l’agitation ne se relâcha pas. Loin de nous attrister, les ordres de la komman-