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à Henry de Forge


CHAPITRE XVIII

les évasions


La vie des officiers prisonniers était assez insupportable pour que tous n’eussent qu’un désir constant et qu’un rêve : s’évader. Au premier abord, puis à la réflexion, l’entreprise paraissait le plus souvent impossible. Quel espoir de déjouer la surveillance des gardiens, de nuit et de jour, quand un épais réseau de fils de fer vous entoure et qu’une sentinelle est installée de trente en trente mètres le long de la barrière ? Comment franchir tant d’obstacles ? La raison démontrait la vanité du rêve. Et le rêve s’obstinait. Une seule issue : le hasard, mais guetté, cherché, provoqué, et voulu. Quand on examine la solidité du filet qui nous enfermait, on ne comprend pas que tant de prisonniers aient pu en sortir. Car, si le nombre est restreint de ceux qui ont passé la frontière, le nombre est considérable de ceux qui ont quitté leur camp. Beaucoup ont échoué au-delà. Il faut des forces peu communes pour arriver jusqu’au bout. La volonté ne suffit pas à soutenir dans l’épreuve un corps fatigué par un régime déprimant. Combien de malheureux, qui avaient parcouru à pied des centaines de kilomètres à travers