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les évasions

camarades. J’ai relaté la triple fuite qui eut lieu pendant les représailles, un soir où, à point, l’éclairage de la cour avait refusé de fonctionner. Seckendorff devint fou. Il fit installer deux nouvelles lampes à arc. Il fit placer des sentinelles dans tous les corridors de la prison. Les chambres 9, 11 et 15, convaincues d’avoir aidé au malheur de la Kommandantur, furent consignées. On leur imposa des appels supplémentaires. On défendit de fumer aux officiers de la Stùbe 15, parce que l’évadé était un récidiviste dangereux. La fureur du vieil oberst n’avait pas de mesure. Il nous harangua vigoureusement. Mais il revenait à ses moutons :

— Che ne comprends pas… che ne comprends pas…

Il aurait tant voulu trouver moins de fraternité parmi nous ! Alors il décida que, sous peine de graves punitions, l’officier le plus ancien de chaque chambre serait dorénavant obligé de rendre compte, à chaque appel, des prisonniers absents.

Les représailles battaient leur plein. Les esprits étaient excités. Un tumulte de protestations se déchaîna parmi nous.

— Ah non !

— Nous ne sommes pas des espions.

— Nous sommes officiers.

— Ça ne se fait pas en France.

— À la gare !

— On refuse.

— Le règlement…

— Saint-Angeau…

Monsieur le Censeur allait tomber d’apoplexie. Il hurla, d’une voix rauque :