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l’hôpital d’offenburg

Déjà, elle sortait. Je la suivis, et, m’adressant à la sentinelle qui se pétrifia au garde-à-vous :

— Quant à toi, si tu laisses entrer un civil chez moi, tu auras de mes nouvelles.

Zùm Befehl, Herr Leùtnant ! (À vos ordres, monsieur le lieutenant).

Car c’est de cette façon qu’il faut parler à ces gens-là.

Le lundi matin, monsieur le médecin-chef de l’hôpital d’Offenburg daigna s’occuper de moi. Il m’examina sommairement, dicta des ordres à son aide, et m’autorisa à prendre des bains. Pendant qu’il jetait un coup d’œil sur les bouquins de ma table, je lui demandai si le bureau du Lazarett pourrait m’envoyer l’argent que je lui réclamais depuis l’avant-veille. Il me promit la terre et la lune ; mais, comme il aperçut que je possédais un exemplaire de la Germania de Tacite, acheté à la kantine de Vôhrenbach, il se retira assez précipitamment et tout le monde avec lui, y compris les deux Schwester, la petite, qui souriait, et la grande, qui était renfrognée.

Tout s’acharnait contre moi dans cet hôpital : l’infirmière chrétienne, parce que je lisais la Frankfùrter Zeitùng, et le médecin militaire, parce que j’avais le texte d’un opuscule terrible. Je devinai que le bon vieux Gott me chasserait de ce paradis.

Chaque matin, on m’appliquait le traitement prescrit. On y mettait cinq minutes, mais je ne désirais pas qu’on me frictionnât tout le corps avec des parfums d’Arabie.